Gabber’s not dead: Look radical, son maximal

Comme le punk, il n’est pas mort. Ici, on tutoyait bien le futur, mais sans aucune crête. Au programme: minimalisme côté coiffure, sportswear pour les fringues, et tout ce beau monde de s’échiner sur des chorégraphies syncopées cadencées à plus de 160 BPM. Gabbbaaaa!

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Gabber: au début était le son

Quand on parle de musique, et de scènes musicales, on évoque des pays (au hasard l’Angleterre, les USA, l’Australie) et des villes (Detroit, Manchester, Kingston…). Alors par quel diable de hasard Rotterdam, ville des plats Pays-Bas, s’est elle portée à leur niveau? Pour le savoir, il convient de remonter à la fin des années 80. Pas de pop, de reggae ou de rock comme ingrédients majeurs, mais un son digital qui emporte l’Europe dans une tourmente de sons distordus. Comme le hardcore est né du punk rock, c’est de la techno, mouvement musical catalyseur, que se façonne… le hardcore. Un même nom pour une même violence, la radicalité des claviers égalant celle des guitares. En somme, on joue vite, fort, sans concession. C’est brutal, frustre mais sacrément libérateur. Et si la techno, après la new beat et l’acid house, devient la tendance en vogue, dans toute l’Europe et au-delà, au sein de boîtes interlopes une culture underground se développe, se ramifie et s’unit en sous branche extrêmement prospère. Il faut toujours un artiste ou un nom pour donner un visage à un genre émergeant. Ici, c’est le DJ Paul Elstak (mais on aurait pu désigner DJ Rob) qui accède à la postérité via ses sets déments et convulsifs. Les clubs, comme le légendaire Parkzicht de Rotterdam, abritent et centralisent ce mouvement. Quant à l’appellation même de Gabber, elle revient au même Paul Elstak. Quand on apprend qu’il est est dérivé du mot yiddish chaver, qui signifie « ami » ou « frère » aux Pays-Bas, on saisit mieux sa signification mais aussi l’étrange voyage que réalisent parfois les termes au fil des usages et du temps.

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A propos, ne confondons pas musique Gabber et Hardcore Techno. Gabba Vintage a réalisé un invraisemblable montage sur ce dernier mouvement, moins aimable, sempiternellement violent. On l’écoute ici.

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Le Gabber: look radical et sportifs émérites

Bon, on pourrait parler pendant des heures du style musical Gabber, ses sons bouleversés, ses tempi de dingue, mais il est un sujet tout aussi passionnant: le look des gabbers. Le terme radicalité est ici aussi employé. En version hommes, nous avons des sortes de skinheads engoncés dans des survêtements nylon colorés. Explication: à l’image de la musique, sans concession, l’aspect répond à cette intransigeance. De fait, loin des minets proprets qui hantent les mégas raves en t-shirt psyché, le gabber se rase la tête . Pour les filles, on parvient petit à petit à une coupe de cheveux spécifique et standardisée: une queue-de-cheval, histoire de bien tenir les cheveux, avec le dessus des oreilles très dégagé, sinon rasé. Tous, filles et garçons, enfilent les survets de l’époque, colorés, bariolés, loin des standards de la mode casual d’alors.

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Là encore, un désir de distinction, mais également une réponse empirique à la dance Gabber. Le Hakken, son appellation attitrée, est physique, saccadée, énergivore. Quoi de mieux qu’une tenue de sport pour s’y livrer? Parlons chiffons plus avant. Même si un pauvre Decathlon trois couleurs copiant un Adidas Originals faisait l’affaire, la mode et le mimétisme ont poussé tous nos braves gabbers vers des marques ravies de cette concorde vestimentaire. Voilà comment Australian, et ses tenues démentes et méga colorées, est devenu la pièce à posséder (mais on n’oubliera pas les référentiels Nike et Adidas, tous ayant l’ultime atout, dans les nineties, d’être de coupe particulièrement large). Au pied, ce sont les Nike Air Max qui gagnent la bataille du dancefloor (mais on n’écartera pas les Reebok Classic – toujours classes dans n’importe quelle scène). Les garçons aimaient à porter des polos Lonsdale , toujours ce fameux rapprochement avec les skins anglais. A propos, pas d’amalgame: cette scène était majoritairement peace and love en dépits des accoutrements vraiment hardcore. D’ailleurs, certains portaient du fluo, d’autres des tenues issues de l’armée, certains des maillots de foot et un gros paquets ce qu’ils trouvaient. Bref, le Gabber, dans toute sa variété.

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Gabegie du Gabber, et renouveau

Toujours la même histoire. Un courant se créé en contestation d’un ou d’autres formes jugées trop populaires, celui-ci rencontre un succès d’estime avant de doucement s’imposer et rallier à lui de nouveaux adeptes. Quand il est trop démocratisé, accepté, ce courant s’essouffle en devenant mainstream. Le Gabber n’a pas échappé à la règle. N’oublions pas non plus les effets secondaires. Ainsi, à l’image du mythique club de Manchester, l’Hacienda, le Parkzicht a dû fermer à cause des nuisances, des bagarres et des dealers. Bref, après avoir emporté toute la jeunesse du Benelux et d’ailleurs dans une spirale sonique nineties, le Gabber s’est écroulé sous son propre poids.

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Il est revenu en vogue par la suite, au tournant des années 2010. Regardez cette démonstration de Hakken – via DJ Mad Dog. On retrouve ici à la fois l’évolution du son, qui conjugue les plus (plus lourd, plus percutant, plus profond, mais toujours aussi entêtant), et celle du look, moins marqué par la dominance de marques cruciales, leurs copies, leur revival. D’ailleurs, Gabba Vintage a extirpé quelques pistes fameuses pour son incroyable playlist. Aujourd’hui, le Gabber continue son bonhomme de chemin, comme avec ce label par exemple.

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Hey, tu cherches des survêtements gabber / techno? Vois donc la sélection de Gabba Vintage, toujours actualisée

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